J’ai donc baptisé ma voiture Oscar, mais j’aurais très bien pu l’appeler Scarlett ou Morgane. Je m’explique : ces trois femmes ont en commun le fait d’être des personnages de fiction qui se battent pour survivre dans un monde d’hommes. Et ce sont mes héroïnes préférées. Je ne saurais dire si elles ont façonné très tôt la féministe que je suis devenue, ou si elles ont touché la fibre féministe qui était présente en moi depuis le début. (De l’œuf ou de la poule…)
Ce qui est sûr, c’est que j’avais 6 ans quand j’ai découvert à la télévision une fille qui s’habillait comme un garçon et qui se battait comme tel. Alors, certes, Lady Oscar n’a pas très bien vieilli. (En tout cas, j’ai eu du mal à me replonger dedans, même si je conserve précieusement le double coffret DVD de la série.) Mais le personnage m’a littéralement fascinée quand j’étais petite. Je ne sais pas si j’ai bien tout compris à l’histoire à l’époque, car je n’ai pas vu tous les épisodes et j’en garde des souvenirs très fragmentés. Mais j’en ai retenu l’idée qu’une femme peut tout faire comme un homme, même quand son époque voudrait l’enfermer dans un carcan.
Evidemment, ça aide d’avoir un caractère de merde et une volonté de fer (ou d’être incroyablement têtue, ce qui revient souvent au même.) Scarlett O’Hara débarque dans ma vie à l’été 1991, juste avant mon entrée au collège. Là encore, j’aurais beaucoup de mal aujourd’hui avec Autant en emporte le vent, qui n’est pas un pamphlet contre l’esclavage, loin s’en faut. Mais Scarlett restera sans doute à jamais mon héroïne préférée pour son caractère intrépide, sa résilience, son dévouement envers ses proches et son mépris absolu des conventions. (La maternité ne l’intéresse pas, elle la subit plus qu’autre chose et, si je mentionne ce détail, c’est parce que j’ai vu Wonder Woman hier soir et que j’ai grincé des dents en voyant l’Amazone se précipiter sur un bébé à son arrivée dans le monde des humains. Oui, moi, je n’aurais pas pu concevoir ma vie sans enfants, mais nous ne sommes pas toutes comme ça et je milite activement contre les clichés dans lesquels on voudrait nous enfermer.)

Ce qui m’a profondément marquée aussi chez Scarlett, c’est son égoïsme, son manque d’empathie et son aveuglement. Sur le papier, c’est un personnage profondément antipathique, non ? Et pourtant, au fil de l’histoire, je n’ai pas pu m’empêcher de m’attacher à elle, malgré, ou peut-être justement à cause de, ses défauts. Scarlett est entière, passionnée et ne s’excuse pas d’être ce qu’elle est. Si elle veut quelque chose, elle va tout faire pour l’obtenir. Rien ne l’arrête, et surtout pas le fait qu’elle soit une femme. Et me voilà, à 11 ans, persuadée qu’une femme peut tout faire et tout avoir. (Bien aidée en cela par le modèle maternel, puisque ma mère a toujours conjugué vie professionnelle et vie de famille.)
Morgane la Fée, l’héroïne des Dames du Lac et des Brumes d’Avalon, de Marion Zimmer Bradley, est elle aussi entrée dans ma vie à l’été 1991. Elle a une grande soif de liberté, et notamment celle de disposer de son corps comme elle l’entend. Je n’en ai pas forcément pris conscience tout de suite (même si, n’y allons pas par quatre chemins, ce sont ces deux-livres-là qui m’ont éveillée à ma sexualité), mais Morgane est la figure de proue d’un véritable plaidoyer pour la liberté sexuelle face à une société en cours de christianisation qui veut soumettre les femmes. Au fil du récit, Morgane se heurte à toutes les figures archétypales masculines possibles : le père, le frère, le mari, l’amant, le fils. Et, le moins qu’on puisse dire, c’est que ça se passe très mal.
D’ailleurs, à bien y réfléchir, ça se termine plutôt mal pour toutes mes héroïnes préférées. (Enfin, je crois, je n’ai pas vu la fin de Lady Oscar, par peur sans doute d’abîmer mes souvenirs.) Pourtant, j’ai tiré de ces trois œuvres un message ultra-positif : nous sommes des êtres humains avant que d’être des femmes, et notre féminité ne conditionne pas ce que nous sommes capables de faire ou ce que nous voulons devenir. Fuck le patriarcat.
Et vous, quels sont vos personnages préférés et en quoi ont-ils influencé votre vie ?
Ah, lady Oscar, j’ai encore le générique dans la tête… Je me revois écouter frénétiquement la cassette…. Merci beaucoup pour tous ces souvenirs qui reviennent…
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Je t’en prie 😀
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Lady Oscar, j’étais déjà trop grande… Scarlette, je n’ai pas craqué non plus.
Par contre, la Morgane de Marion Zimmer Bradley, j’adore ! Et je crois que je te l’ai déjà dit, c’est une de mes versions préférées de la légende arthurienne.
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Oui, j’ai pensé à toi en écrivant le paragraphe sur Morgane car je sais que nous sommes du même avis sur le bouquin 😀 ❤
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Drôle cette coïncidence.
Je viens de m’acheter l’intégrale manga papier de lady oscar « la rose de versailles » et j’expliquais à monsieur que c’était ma 1ere héroïne.
Et là, de lire cette histoire, je suis toute chose !
Par contre, je n’arrive pas avec Scarlett.
Et j’avais prévu de faire un billet comme celui ci en plus !
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Jolie coïncidence, en effet ! Peut-être devrais-je m’acheter le manga, comme ça au moins je pourrais découvrir l’intégralité de l’histoire sans abîmer mes souvenirs de l’anime ?
Pour ce qui est de Scarlett, je comprends tout à fait qu’elle puisse ne pas plaire. Je maintiens qu’elle peut être très antipathique !
Et je serai ravie de lire ton billet et de découvrir tes héroïnes (ou tes héros) préféré-e-s 🙂
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Je vote pour Scarlett, si audacieuse, si libre pour son époque ! Ce film ma transportait – bon j’avoue le plus bas possible j’adorais aussi Angélique (enfin aussi Geoffrey de Peyrac aka Robert Hossein jeune)…..;
Sinon je te remercie de suivre mon blog – du coup j’ai remarqué que mon avatar n’était pas à jour et que tu as été renvoyée sur mon autre blog (Zenà Bruxelles que je ne mets plus beaucoup à jour.)
Bref…..
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Ah mais j’adorais Angélique aussi quand j’étais petite, ça passait tous les étés à la télé, c’était trop bien 😀 Côté sale caractère, elle se pose là aussi, mais elle m’a moins marquée pour ce qui est du féminisme. Je me demande si j’arriverais à revoir la série aujourd’hui…
Je suis ravie de suivre ton blog mais, du coup, tu en as un nouveau ? Si c’est le cas, n’hésite pas à laisser le lien ici 🙂
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Aaah, Morgane la Fée !! Dans mes héroïnes modèles, il y a aussi Ayla, l’héroïne de l’excellente série préhistorique « Les Enfants de la Terre ». Forte, femme, indépendante et sincère, elle m’a beaucoup inspirée. Jane Eyre, aussi dans son genre, pour son opiniatreté, sa force à résister aux épreuves, sa capacité de travail et à tracer son destin. Ou encore la princesse Leïa, elle aussi indépendante, intelligente, courageuse… Voici les héroïnes qui me viennent en tête !
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J’ai beaucoup entendu parler des « Enfants de la Terre », mais je ne l’ai jamais lue, il faudrait que je m’y mette un jour ! Jane Eyre, j’étais au collège, je l’ai lu d’une traite, en une nuit, tellement j’ai adoré ! Et Leia, effectivement ❤ Je ne veux pas entrer dans la polémique sur Wonder Woman, il y a de très bonnes choses dans le film, mais le personnage a tellement moins d'épaisseur que toutes les héroïnes que nous avons citées ici !
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Ce n’est pas ton billet qui me fera me ruer au ciné 😉
C’est une excellente question que tu poses, je vais y réfléchir. Je me rends compte que je ne m’étais (me suis ?) jamais identifiée à de grandes femmes. Toujours à cause d’un système sexiste à la noix, qui fait que je ne me sentais ni assez grande, ni assez femme, ni assez… blanche, argh.
J’aime bien Oscar (le manga est mieux, comme dit titite !!), je ne connais pas Scarlett et j’ai voulu commencer les sagas de Zimmer Bradley quand ses casseroles sont ressorties. Depuis, son nom me fait frissonner et je n’ai plus du tout envie de la lire.
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Nan mais y a des bonnes choses dans ce Wonder Woman 😀 Mais y en a aussi des moins bien…
Je comprends tout à fait le problème d’identification que tu soulèves et je serai ravie qu’on en parle davantage, à l’occasion.
Quant à Marion Zimmer Bradley, wow, j’ignorais, je suis allée faire des recherches sur Google et je suis tombée de l’armoire ! Le mythe s’écroule, et pas qu’un peu ! C’est fou comme les gens peuvent avoir deux visages et, dans son cas, militer pour l’émancipation sexuelle de la femme tout en étant un monstre dans sa vie privée. Je n’en reviens pas…
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Je lis tout et son contraire, sur WW, mais globalement, je ne connais pas bien le personnage et préfère encore lire les comics.
Avec plaisir, pour l’identification. Il y a des initiatives ces derniers temps pour donner plus de visibilité aux Asiatiques de France, ça me rassure.
J’espère ne pas t’avoir gâché le plaisir de lecture pour Zimmer Bradley V_V Sans même l’avoir lue, juste en ayant une vague idée de son héritage littéraire, j’avais été choquée. Et le mot est faible.
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Ca n’enlève rien à l’expérience de lecture, ni à l’importance que la saga eu pour moi à l’époque. Mais ça soulève une fois de plus la question cruciale : peut-on dissocier une oeuvre de son auteur ? Peut-on apprécier les films de Roman Polanski et de Woody Allen ? Peut-on écouter la musique de Noir Désir ? Peut-on lire les Brumes d’Avalon ? Je n’ai pas vraiment de réponse. (Même si, dans le cas des deux cinéastes, ce serait déjà bien qu’ils acceptent de répondre de leurs actes devant la justice.)
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Tant mieux. C’est ce que sa fille dit – en substance – dans ses communications.
Et oui, tu as raison, pour la question de dissocier une œuvre de son auteur. Je dirais qu’on doit même le faire mais c’est difficile, en tant que consommatrice. Je n’ai pas envie de cautionner les actes ou de m’y associer en regardant un film avec Johnny Depp, par exemple. Je n’ai toujours pas lu Lovecraft même si on me serine qu’« à l’époque, tout le monde était antisémite ». Je ne sais pas quoi faire de mes DVD de Polanski.
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