
À l’été 1984, le narrateur apprend la mort de sa meilleure amie, qui a été violée et assassinée. Ils avaient vingt ans, vivaient de l’air du temps et, quand ce temps s’interrompt brutalement, c’est le vertige, la révolte, puis un très long silence. Tournant le dos au sordide du crime, indifférent à l’enquête policière qui ravale l’être aimé au seul rang de victime, trois décennies plus tard l’ami devenu écrivain choisit de faire revivre une personnalité fascinante, libre et lumineuse, de sauver sa mémoire faute d’avoir pu lui sauver la vie. C’est le roman d’une amitié et d’un Paris à l’unisson que nous livre Gilles Leroy avec ce portrait d’une jeune femme que l’on aurait aimé connaître.
Si cette quatrième de couverture ne vous donne pas envie de vous jeter sur ce court roman, je vous invite à écouter la chronique de Clara Dupont-Monod sur France Inter, car c’est bien elle qui m’a convaincue de me précipiter chez mon libraire. Et bien m’en a pris, car ce Requiem pour la jeune amie s’emploie effectivement à montrer la femme, l’amie, la fille, derrière cette victime que d’ailleurs le narrateur ne reconnaît pas dans les propos des policiers. Il nous rappelle que, fort heureusement, on ne saurait résumer une vie à l’horreur de ses derniers instants. Au passage, Gilles Leroy (car le narrateur et l’auteur ne font qu’un) ne se contente pas de rendre son humanité et son intégrité à son amie, il nous livre aussi le chouette roman d’une époque, le milieu des années 1980 vu à travers les yeux de deux jeunes gens épris de liberté et en pleine construction. Qu’ils repeignent des appartements, qu’ils assistent à des concerts historiques ou qu’ils dansent avec leurs parents pour Nouvel An, c’est une très belle histoire d’amitié qu’ils écrivent ensemble.
Cela étant, je regrette que l’auteur ne soit pas allé au bout de son parti pris. Car, au final, il nous livre tout de même de nombreux détails sur le meurtre, alors que j’aurais préféré que cela reste en retrait. Bien sûr, c’est important de montrer que la conclusion d’une enquête ne rime pas forcément avec la fin du deuil, bien au contraire, et que la justice, quand par bonheur elle s’applique, n’atténue pas la souffrance de l’absence. Mais j’aurais aimé, je crois, ne m’attarder que sur cette parenthèse insouciante dans l’existence de l’auteur, cette parenthèse dans laquelle la jeune amie est encore en vie…
J’ai lu ce livre dans le cadre du Blossom Spring Challenge au printemps dernier. Cette lecture m’a permis de valider la catégorie « chasse aux œufs » (livre pris au hasard dans la PAL / conseillé par un proche / dernière trouvaille) dans le menu « Lapin de Pâques ».
Il y a tant de livres qui me tentent ! Je ne sais plus où donner de la tête surtout que ma PAL est déjà impressionnante….Que faire !?
Bisous et doux week-end
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Attaquer le livre qui te tente le plus ! Et ne pas jurer de ne plus en acheter, ce genre de résolution ne tient jamais bien longtemps 😉 Bisous ❤
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