Culture

[Coup de cœur lecture] Maggie O’Farrell – I am, I am, I am

Après le succès d’Assez de bleu dans le ciel, Maggie O’Farrell revient avec un nouveau tour de force littéraire. Poétique, subtile, intense, une œuvre à part qui nous parle tout à la fois de féminisme, de maternité, de violence, de peur et d’amour, portée par une construction vertigineuse. Une romancière à l’apogée de son talent. Il y a ce cou, qui a manqué être étranglé par un violeur en Écosse. Il y a ces poumons, qui ont cessé leur œuvre quelques instants dans l’eau glacée. Il y a ce ventre, meurtri par les traumatismes de l’accouchement… Dix-sept instants. Dix-sept petites morts. Dix-sept résurrections. Je suis, je suis, je suis. I am, I am, I am. 

Il fallait lire, dans le cadre du Pumpkin Autumn Challenge, un livre sur le thème d’Halloween ou de Samhain. Je me suis dit que c’était le moment idéal pour me plonger dans ces mémoires que j’avais envie de découvrir depuis ma lecture d’Hamnet, l’année dernière. Après tout, quelle meilleure période pour lire dix-sept récits tournant autour de la mort que celle où l’on célèbre les morts, justement ? N’était-ce pas une idée lumineuse ?

J’étais loin de me douter qu’à ce moment-là je serais atteinte d’une espèce de mélancolie saisonnière. Souvenez-vous, il y a un mois tout juste, je vous écrivais : « Je ne suis pas tranquille. Depuis trois jours, j’ai l’impression que la Mort est perchée sur mon épaule. » On pourrait penser que la lecture d’I am, I am, I am n’a fait qu’accentuer le phénomène car il semblerait que Maggie O’Farrell a vécu toute sa vie dans l’ombre de la Faucheuse. Mais elle nous propose des textes d’une profondeur incroyable dans lesquels elle montre que la souffrance peut être sublimée quand elle se transforme en art. Je crois d’ailleurs que nous n’aurions jamais eu un roman comme Hamnet si l’autrice n’avait pas vécu tout ce qu’elle nous raconte là.

Enfant, jeune adulte, puis mère, Maggie O’Farrell n’a pas été épargnée par les épreuves. Elle en a tiré une force, une résilience et une humanité qui sont venus nourrir son œuvre, comme elle le souligne en expliquant comment le souvenir d’un moment vécu petite à l’hôpital lui a inspiré un passage dans un de ses premiers romans.

C’est un prisme très original que de raconter sa vie à travers ses différentes rencontres avec la mort et par le biais du corps, puisqu’à chaque fois, il est question de la partie de son corps qui est impactée par l’événement qu’elle décrit. C’est puissant, forcément. On tremble et on a mal pour elle, on en vient à se demander comment une seule personne peut survivre à tant de difficultés et de tourments.

En refermant le livre, je dirais que la réponse tient en deux mots : l’art et l’amour. L’amour qui pousse à se dépasser soi-même, malgré la peur, malgré l’épuisement afin de se battre pour la survie de quelqu’un d’autre. Et l’art, comme je l’écrivais plus haut, qui permet de transcender la douleur pour écrire l’un des plus beaux romans sur le deuil qu’il m’ait été donné de lire (Hamnet, donc).

Il faut parfois avoir le cœur bien accroché pour aller au bout de ces mémoires, mais si tous ces thèmes, la mort, l’amour, l’art, la résilience, la compassion, vous intéressent, ne passez pas à côté d’I am, I am, I am, c’est magistral.

Cette lecture me permet de valider une des catégories du Pumpkin Autumn Challenge 2021, « It’s just a bunch of hocus pocus », dans le menu « Automne douceur de vivre».

3 commentaires sur “[Coup de cœur lecture] Maggie O’Farrell – I am, I am, I am

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