
C’est drôle, en 2016, j’inaugurais ce questionnaire en écrivant : « Comme beaucoup de monde, j’ai trouvé [cette année] particulièrement intense, souvent difficile et parfois franchement désespérante. » Vous vous souvenez, il y a 5 ans, comme on avait l’impression d’avoir vécu une des années les plus compliquées de notre vie ? Si on avait su ! Je peux affirmer en toute sincérité que 2021 a battu tous les records de difficultés, et que beaucoup de mes certitudes se sont écroulées. Mais ça n’est pas toujours une mauvaise chose, même si c’est très dur à vivre sur le moment. J’ai le sentiment d’avoir énormément « grandi » en un an, et même si je suis moins proche de certaines personnes, je me sens plus que jamais soutenue, aimée et comprise par celles et ceux qui comptent pour moi. Si j’avais un vœu à formuler pour 2022, ce serait d’accepter les choses comme elles sont, afin de moins me torturer et de me sentir davantage en paix. En attendant, je vous propose de conclure 2021 sur une note positive avec cette liste de dix questions qui vous avait beaucoup plu en 2016, 2017 et 2018. Je rappelle qu’il s’agit à l’origine d’un questionnaire de Gala Darling (en anglais).
1) Quels ont été vos cinq huit meilleurs moments de l’année ?
Un chouette week-end près de Pézenas avec nos ami.e.s L&S.
Le premier concert estival des Green Duck.
Une merveilleuse après-midi à Brocéliande avec les enfants et mes parents.
Mes 41 ans avec nos ami.e.s.
Notre week-end en amoureux à Mende, mi-septembre.
Une très chouette balade au saut du Doubs avec mon amoureux, les enfants et belle-maman.
L’anniversaire de mon amoureux avec les Green Duck et nos ami.e.s de Franche-Comté.
Notre réveillon de Noël avec les enfants. Toute la soirée, on a choisi des chansons chacun.e notre tour, on a bien mangé, on a ouvert nos cadeaux, c’était doux, j’ai adoré.
2) Vous êtes vraiment content.e que ça soit fini. De quoi s’agit-il ?
2021, justement ! Cette année m’a paru être une longue succession d’épreuves, et je ne suis pas fâchée d’en voir le bout !
3) En quoi êtes-vous différent.e aujourd’hui de la personne que vous étiez il y a 365 jours ?
Comme je le disais dans l’introduction, j’ai moins de certitudes, mais je pense que ça me rend plus tolérante et, je l’espère, plus ouverte. J’ai l’impression d’avoir vraiment avancé sur le chemin de l’acceptation (des autres et, par ricochet, de moi-même).
4) Avez-vous réussi ou accompli quelque chose que vous avez oublié de fêter ? (Prenez le temps de vous féliciter pour tout ce que vous avez accompli cette année.)
J’ai (re)découvert mes limites, celles que par amour je peux dépasser (et je suis fière de l’avoir fait) et celles qui, au contraire, ne sont pas négociables.
J’ai traduit 7 livres complets, j’en ai terminé un commencé en 2020 et j’en ai entamé deux autres que je rendrai en 2022.
J’ai redécouvert le sens du mot solidarité. (Chacun.e est libre de faire et de penser ce qu’iel veut, mais pour moi, ça rime avec vaccin.)
On en reparlera dans un billet dédié, mais j’ai lu plus de 40 livres et j’ai redécouvert l’immense plaisir de me perdre dans de belles histoires ou de me cultiver grâce à des ouvrages passionnants.
Je pense que je suis devenue une meilleure mère et une meilleure compagne.

5) Sur quoi avez-vous ouvert les yeux cette année ?
J’ai de plus en plus de mal avec le milieu soi-disant spirituel dans lequel j’ai grandi. Prôner une vision alternative de la société, c’est une chose, mais il y a, derrière tous ces beaux discours, un sérieux complexe de supériorité et une forme d’individualisme qui flirte dangereusement avec l’égoïsme et le chacun pour soi. C’est drôle, ça fait des années que j’entends dire que l’ère du Verseau va tout changer, que les enfants indigo vont révolutionner le monde, etc. Indigos ou pas, nos enfants sont bel et bien en train de donner un coup de pied dans la fourmilière et là, tout à coup, la génération d’avant (et une partie de la mienne aussi, pour être honnête) freine des 4 fers et proteste en disant que ce n’est pas du tout ça qu’elle voulait. Comme dirait mon chéri, ce n’est pas si facile de se rendre compte qu’on fait soi-même partie du problème…
6) Qui vous a réellement soutenu.e cette année ?
Mon amoureux. C’est tellement vrai qu’on n’a pas arrêté de se répéter tout l’été « you and me against the world ». La formule était hélas de circonstance, et plutôt réconfortante sur le moment, mais j’espère qu’on va pouvoir baisser notre garde et changer ça en « you and me within the world ». Vu le marasme politique auquel nous faisons face, ce n’est pas gagné. Mais je sais que, quel que soit le résultat des élections présidentielles et l’évolution de notre société, je pourrai toujours puiser de la force dans mon couple.
7) Qu’est-ce que vous avez toléré pendant longtemps mais que, désormais, vous ne supportez plus ?
Comme je le disais plus haut, les beaux discours New Age qui masquaient en fait beaucoup d’hypocrisie. Mais aussi certains comportements familiaux que j’ai longtemps cautionnés en fuyant la confrontation. Je ne veux toujours pas d’affrontement, mais j’ai désormais envie de me positionner et de dire ce que je pense. Plus facile à dire qu’à faire, mais j’y travaille.
8) Quelles croyances ou opinions avez-vous abandonnées ?
J’essaie d’abandonner mon besoin de tout contrôler. J’essaie d’accepter les gens comme ils sont. Je comprends aujourd’hui que pardonner, ce n’est pas absoudre quelqu’un de ce qu’il nous a fait, c’est accepter que je ne peux pas changer le passé et apprendre à vivre avec.
9) Qu’est-ce qui a été vraiment difficile mais qui, au bout du compte, vous a fait grandir ?
Accompagner un.e enfant qui grandit et qui se cherche. J’ai toujours dit qu’on apprend énormément de nos enfants, et 2021 me l’a encore prouvé.
10) Si vous pouviez remonter le temps, que diriez-vous à votre moi d’il y a un an ?
Tu es sur le point d’embarquer pour l’une des années les plus formatrices de ta vie, une année charnière. Ce ne sera pas facile tous les jours, il y a aura des larmes, des peurs et des doutes, mais tu vas apprendre à aimer comme jamais encore tu n’as aimé de ta vie. Un conseil : repose-toi chaque fois que tu le peux, tu auras besoin de toutes tes forces.
Et vous, si vous deviez dresser le bilan de l’année 2021, à quoi ressemblerait-il ?
Bonsoir Isa! Hé bé… c’est une petite rédaction tous les soirs en ce moment ! Ce n’est pas pour me déplaire. Alors je me lance :
1) Quels ont été vos meilleurs moments de l’année ?
Les petites rencontres de certains vendredis – ramen/film/ rigolades/thé et biscuits à gogo – dans un petit coin perdu de l’Est de Londres, comme sur une île au milieu de l’océan, où une oasis dans le désert… et tous les cafés impromptus sirotés dans mon quartier accompagnés de conversations à bâtons rompus.
La lecture haletante de Bel-Ami de Maupassant et le visionnage de Drive my car de Ryusuke Hamaguchi – je les mets sur le même plan car j’ai l’impression que je ne pourrais jamais faire le tour de ces deux chefs-d’œuvre et c’est un sentiment assez exaltant !
Les tapas d’un dimanche soir pluvieux d’Halloween en compagnie de ma belle-sœur et nièce dans un petit resto qui ne paye pas de mine du côté de Charing Cross. J’avais l’impression d’être en Andalousie en été, sur la terrasse de Manolo, comme nous en avions l’habitude chaque été par le passé. Ça m’a fait un bien fou!
Toutes les fois où j’ai découvert de chouette nouvelles chansons sur Spotify – la musique a joué un rôle primordial cette année, ou de nouvelles séries scandinaves sur Channel 4 à dévorer dans l’heure.
La visite chez ma coiffeuse au sortir d’un super long confinement et voir disparaître avec satisfaction ma tignasse digne d’un épouvantail à moineaux!
Chaque fois que j’ai peint un truc qui a de la gueule… (à mes yeux)
Quand j’ai découvert l’existence de Flow… et de Breathe et de Oh! Magazine, et de leurs fabuleuses illustrations.
2) Vous êtes vraiment content.e que ça soit fini. De quoi s’agit-il ?
Ma façon de « carnetter ». J’ai réussi à changer de marque de carnets, et les anciens me sortent par les yeux.
3) En quoi êtes-vous différent.e aujourd’hui de la personne que vous étiez il y a 365 jours ?
J’ai eu une sorte de catharsis début décembre (comprendre par là que j’ai passé une journée à pleurer et à dormir dans un état second) qui m’a fait comprendre dans un flash que j’avais passé une année voire deux comme un bœuf (c’était l’année chinoise du Bœuf… ça tombait à pic) qui laboure un champ (comme on en voit sur les enluminures médiévales)… je creuse un sillon, et puis un autre, et voilà. Mais après la crise d’un jour, j’ai retrouvé toute une gamme d’émotions oubliées, je me remets à rêver, à me projeter dans l’avenir, à rire ! le bœuf a enfin secoué son joug, a relevé la tête et refuse de baisser l’échine ! Alors comme nous arrivons dans l’année du Tigre… je te laisse en tirer les conclusions! J’en ai un dans le moteur je crois, un peu à l’avance.
4) Avez-vous réussi ou accompli quelque chose que vous avez oublié de fêter ? (Prenez le temps de vous féliciter pour tout ce que vous avez accompli cette année.)
J’ai publié un super article dont je suis hyper fière.
J’ai reçu des compliments chaleureux de mes étudiants, et vu comme je me démène pour eux, ça m’a comblée !
J’ai dessiné et peint des trucs que j’ai offerts et qui ont fini encadrés… j’en ai la berlue. Pas peu fière !
Moi qui ai horreur des piqûres je suis allée me faire trois fois vacciner comme on va choisir une religieuse ou un millefeuille dans une pâtisserie.
5) Sur quoi avez-vous ouvert les yeux cette année ?
Combien il était facile de s’éteindre, de mettre ses émotions sous cloche, de les enfouir au plus profond de soi, et de continuer à vivre comme si de rien n’était. Un peu comme dans la chanson de Michel Jonasz où il dit « je mettrais mon cœur dans du papier d’argent… » et qu’il le vend chez un brocanteur. Colette a raison, avoir des émotions ça nous empêche de nous dessécher.
6) Qui vous a réellement soutenu.e cette année ?
A part mes amis, la musique, une chanson en particulier, tombée dans mon escarcelle par hasard, que j’ai écoutée en boucle, et qui a été l’électrochoc qui a réveillé mes émotions. Une nuit, peu après l’avoir découverte, j’ai rêvé que j’allais à une remise de prix genre Victoires de la musique. J’étais au premier rang et un membre de ce groupe était assis derrière moi, et je me suis adossée à lui. Quand je me suis réveillée j’avais encore la sensation d’un de ses genoux contre mon dos et j’ai pensé dans un demi-sommeil « il m’a soutenue »… c’était si vrai… si à ce moment-là j’avais pu embrasser mon cerveau qui concocte de tant belles choses je l’aurais fait!
7) Qu’est-ce que vous avez toléré pendant longtemps mais que, désormais, vous ne supportez plus?
Donner de mes nouvelles à ceux que je ne veux plus dans ma vie juste parce qu’ils m’envoient un message à l’apparence anodine.
8) Quelles croyances ou opinions avez-vous abandonnées ?
Que je ne suis pas assez forte pour supporter les coups durs de la vie.
9) Qu’est-ce qui a été vraiment difficile mais qui, au bout du compte, vous a fait grandir ?
La chappe de plomb des confinements. On apprend à relativiser, le système D…
10) Si vous pouviez remonter le temps, que diriez-vous à votre moi d’il y a un an ?
La chose que tu redoutais le plus va te tomber dessus cette année, la chose la plus impensable, la plus dure à digérer. Une chose que tu repoussais aux calendes grecques, que tu croyais ne jamais pouvoir arriver. Mais tu sauras encaisser le choc. Bien sûr, cela aura un coût. Tu vas t’endormir, tu sais, comme si une fée te touchait de sa baguette magique… Relis le conte de la belle au bois dormant, tu comprendras. « Les broches mêmes qui estoient au feu, toutes pleines de perdrix et de faysans, s’endormirent, et le feu aussi. » Voilà, c’est ça, ton feu va s’endormir. La vie deviendra indolore. Mais ce sera sans compter sur le hasard. Au beau milieu de l’été, à la faveur d’une mélodie portée par un groupe de jeunes hommes bondissants, comme les appelle avec humour l’une de tes amies, tout va voler en éclat, tu vas de nouveau ressentir les choses, tu vas comprendre l’importance des émotions, tu vas les laisser t’irriguer, et tu te remettras à rire follement, à pleurer des fontaines, à espérer, à désirer, et tu finiras l’année dans la joie et la confiance.
Merci Isa, je viens de passer un très bon moment avec toi. Je t’embrasse très fort ! J’ai aimé lire ton chemin de vie à travers cette année éprouvante. Tu as bien manœuvré.
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Merci à toi, c’est beau de voir le chemin parcouru, je suis fascinée de ce que tu me décris de tes retrouvailles avec toi-même et avec tes émotions au fil de tes derniers écrits. J’en suis très heureuse pour toi, tu as bien manœuvré, toi aussi ! I’m sending you a big, big hug!
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Oops. C’est pas Colette mais George Sand dans une lettre à Flaubert. Rendons à César…
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