
Cette anthologie réunit 50 poétesses des 19e, 20e et 21e siècle. Certaines d’entre elles sont très connues, d’autres sont tombées dans l’oubli. Toutes ont en commun d’avoir marqué leur époque, et d’avoir écrit de sublimes poèmes. Pour chacune d’entre elles, Diglee a réalisé un portrait ou une illustration originale, rédigé une biographie, et sélectionné ses poèmes préférés.
Avant même de vous parler de son contenu, je vais commencer par souligner l’évidence : ce livre est une œuvre d’art, une magnifique pièce de collection, l’écrin parfait pour tous les joyaux qu’il abrite (et je ne parle pas que des poèmes). Les éditions la ville brûle n’ont pas lésiné sur la qualité, si bien que j’étais déjà contente de posséder l’objet avant même de partir à la découverte des poétesses que Diglee a souhaité nous présenter.
J’ai adoré le principe « une poétesse/une illustration/une courte bio/quelques poèmes ». Cette construction rend la lecture très dynamique et remplit parfaitement l’objectif de l’ouvrage, qui est de donner envie d’en savoir plus sur ces femmes. Evidemment, certains univers me parlent plus que d’autres, et il y a des textes qui résonnent particulièrement fort ou qui me mettent à genoux (comme le célèbre « Still I rise » de Maya Angelou – très belle traduction de Clémentine Beauvais, soit dit en passant). Mais le tour de force de Diglee, c’est de montrer tout ce que ces artistes ont en commun malgré leurs différences, comme une espèce de sororité de la passion, de la douleur et de la féminité.
L’autrice les a réparties dans plusieurs catégories pour mieux mettre en avant les qualités de chacune (et personne ne s’étonnera que j’ai un faible pour les filles de la Lune, les magiciennes ou les insoumises). Mais, en vérité, elles sont bien sœurs, ayant toutes eu à souffrir, dans leur tête, dans leur cœur et/ou dans leur chair des outrages d’un monde marqué par la domination masculine.
Si je devais résumer Je serai le feu en quelques mots, je dirais que c’est un livre fascinant, troublant, percutant et surtout essentiel car il rend à des femmes injustement tombées dans l’oubli (ou volontairement invisibilisées) la place qui leur revient aux côtés de leurs sœurs plus connues (telles qu’Anaïs Nin ou Sylvia Plath). Au passage, il rappelle ce que notre société patriarcale a tendance à occulter, à savoir que ces femmes ne sont pas simplement des muses (c’est-à-dire des objets) mais bien des autrices à part entière (c’est-à-dire des sujets).
A nous maintenant de poursuivre le travail entamé par Diglee et de continuer à découvrir ces œuvres fortes et émouvantes dont elle nous donne ici un aperçu. Merci à elle d’avoir si bien rempli ce rôle de transmission et d’avoir agrémenté de si belles illustrations ces poèmes parfois lumineux ou parfois sombres mais toujours exaltés. D’ailleurs, qu’on ne s’y trompe pas : le choix des poèmes et la force des dessins en dit long sur une artiste passionnée et passionnante, sensible et militante. En cédant la parole à toutes ces autres femmes, Diglee se dévoile presque autant dans Je serai le feu que dans Ressac, qui m’a tant bouleversée l’année dernière. Et mine de rien, ça aussi, c’est un tour de force.
Cette lecture me permet de valider une des catégories du Cold Winter Challenge 2021, « Baba Yaga », dans le menu « Sorcellerie hivernale », pour laquelle il fallait lire un livre parlant de sorcière, de femme de pouvoir et/ou de féminisme.
J’aime beaucoup le concept de ce beau livre.
« à savoir que ces femmes ne sont pas simplement des muses (c’est-à-dire des objets) mais bien des autrices à part entière (c’est-à-dire des sujets). » Que ça fait du bien à lire !
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C’est ma thérapie qui parle 😉
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Hello !
Je ne connais pas du tout ce livre, merci pour la découverte !
J’aime beaucoup la couverture.
A bientôt !
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Ressac m’attend déjà et je vais craquer pour celui la dès que mes finances auront repris des couleurs….
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J’attendais que tu nous en parles Isa!
Je sens qu’il ne va pas tarder à rejoindre mon foyer. J’aime tellement la poésie qui plus est.
Merci et belle journée
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