
Pâques 1919, alors que les flots menaçant Perdido submergent cette petite ville du nord de l’Alabama, un clan de riches propriétaires terriens, les Caskey, doivent faire face aux avaries de leurs scieries, à la perte de leur bois et aux incalculables dégâts provoqués par l’implacable crue de la rivière Blackwater. Menés par Mary-Love, la puissante matriarche aux mille tours, et par Oscar, son fils dévoué, les Caskey s’apprêtent à se relever… mais c’est sans compter l’arrivée, aussi soudaine que mystérieuse, d’une séduisante étrangère, Elinor Dammert, jeune femme au passé trouble, dont le seul dessein semble être de vouloir conquérir sa place parmi les Caskey.
Je voue une immense admiration aux éditions Monsieur Toussaint Louverture, et pas seulement pour la beauté de leurs livres, dont la fabrication est si soignée qu’ils en deviennent de véritables objets de collection. Non, si je les admire autant, c’est qu’ils en parlent avec un tel amour qu’ils me donnent envie de découvrir des romans auxquels je n’aurais sans doute jamais donné une chance si je les avais simplement croisés en librairie. C’est comme ça que j’ai découvert La mélancolie de celui qui vise juste et que je finirai par acheter Zephyr, Alabama parce que, vraiment, la présentation aussi bien que l’extrait donnent envie de s’y plonger.
Pour Blackwater, ce fut un peu plus compliqué, j’ai pas mal hésité, malgré la réception d’un kit de presse de toute beauté. (Je suis abonnée à la newsletter de la maison d’édition, ce qui n’est pas forcément une bonne idée d’après mon banquier.) Mais l’enthousiasme de l’éditeur et des (nombreux) premiers lecteurs, les comparaisons avec Stephen King, le format feuilleton que j’avais adoré pour La Ligne verte justement et, on ne va pas se mentir, la magnifique couverture ont fini par me convaincre de lire au moins le premier tome de cette série horrifique.

Or, comme annoncé, Blackwater, c’est tellement plus que ça ! C’est avant tout une chronique familiale avec des personnages forts et marquants. Si vous pensez avoir une famille dysfonctionnelle, lisez ce roman, ça vous consolera (ou pas). Mary-Love Caskey a une personnalité dominante et écrase complètement ses deux enfants adultes, Sister et Oscar. Elle ne voit pas du tout d’un bon œil l’arrivée de la mystérieuse Elinor Dammert, qui ne tarde pas à se faire aimer de tous : Oscar, Sister, l’oncle James, la petite Grace, les domestiques, tout le monde est sous son charme, sauf Mary-Love, qui ne supporte ni son intrusion, ni la manière dont elle lui tient tête.

Tandis qu’autour des deux femmes, la ville de Perdido (décor pittoresque s’il en est et personnage à part entière) se relève tant bien que mal après la crue, Mary-Love et Elinor entament une véritable partie d’échecs où tous les coups sont permis, y compris les plus bas ou les plus impensables. Entre leurs mains, Oscar et les autres ne sont que des pions, et on sent que forcément, il va y avoir de la casse…
J’ai dévoré ce premier tome en deux-trois séances de lecture, happée dès les premières pages par une écriture envoûtante qui pose les bases de l’intrigue sans se presser, presque nonchalamment, à l’image de cette langueur moite qui caractérise souvent le Sud des Etats-Unis dans la littérature. Soudain, au détour d’une page, la violence se déchaîne, implacable comme ces pluies diluviennes qui s’abattent régulièrement sur Perdido, au risque de faire déborder à nouveau les deux rivières. L’horreur est au rendez-vous, mais comme souvent dans les meilleurs récits du genre, elle sert surtout à souligner ce dont les êtres humains sont capables, qu’il s’agisse de récupérer les bijoux d’une morte ou de se disputer la garde d’un bébé.
Pourtant, les personnages ne sont pas entièrement dépourvus de qualités, même l’inquiétante Elinor ou l’autoritaire Mary-Love, et on ne peut s’empêcher de s’attacher à eux, ce qui est à la fois un tour de force de la part de Michael McDowell et la raison pour laquelle je vais me précipiter sur le tome 2. Je veux absolument savoir ce que nous réserve la famille Caskey et surtout où nous emmène l’auteur (car pour l’instant, je n’en ai aucune idée et j’en suis ravie). Pour éviter tout spoiler, je ne pense pas chroniquer individuellement les 5 autres tomes, mais j’écrirai un billet récapitulatif pour vous donner mon avis global sur la saga. Stay tuned…
J’en profite pour annoncer ma participation au Flowers Books Challenge organisé par Madame Errance. Avec ce roman, je valide la catégorie « Anémone » puisqu’il fallait lire un roman à la couverture bleue et/ou parlant de magie. Bon, je triche un peu, la couv est bleu-gris et on est plus dans le fantastique que dans la magie. Quoique, n’ai-je pas parlé de charme et d’envoûtement dans ma chronique ? 😉
Hello Isa ! J’ai cédé à la hype, acheté et lu ce tome 1 mais bide total pour moi, je me suis ennuyée ferme, les personnages, l’écriture, tout m’agaçait….bon faut dire que c’est pas du tout mon genre de lecture de prédilection. J’ai trouvé çà très jeunesse, fort loin de la trempe de Stephen King (que j’adore!)….tu nous diras si tu accroches à la suite ! Bises Isa, très bon week-end !
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Coucou, oui, je me souviens que tu n’as pas aimé. C’est marrant, pour moi, ce n’est pas du tout un roman jeunesse ! En tout cas, oui je vous dirai si j’ai aimé la suite 🙂 Gros bisous et très bin week-end à toi ❤
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Je n’ai pas encore craqué parce que je sais que je n’aurai pas le temps de lire les tomes déjà parus dans l’immédiat et que ça va me frustrer, mais ton avis me donne super envie. J’aime beaucoup la manière dont tu parles de l’histoire et cette idée de partie d’échecs entre deux femmes de caractère !
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J’avoue, je suis tentée d’attendre pour lire les 5 autres d’un coup ! En tout cas, j’espère que ça te plaira autant qu’à moi 🙂
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Je croise les doigts, mais je pars confiante 🙂
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Tu me tentes mais je viens de faire mes comptes pas brillant….
Allez je rajoute sur ma déjà très très longue liste de livres désirés.
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Ne m’en parle pas, j’ai la même liste et elle ne cesse de s’allonger…
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C’est le phénomène ! Ma libraire m’en vante les mérites aussi.
A voir. J’ai souvent peur d’être déçue car on en fait un tel tapage que je m’attends souvent à quelque chose d’exceptionnel.
Mais je le garde en tête tout de même.
Merci Isa!
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D’une certaine manière, c’est exceptionnel (le format feuilleton, l’édition qui deviendra certainement collector…) Mais l’histoire peut ne pas te plaire ! Je te conseillerai de lire l’extrait disponible sur le site de l’éditeur, il s’agit du prologue, ça donne un bon aperçu du ton, de l’écriture et de certains personnages. C’est ce qui m’a poussée à me lancer !
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