Culture

[Lecture] Joan G. Robinson – Souvenirs de Marnie

Sans cesse effrayée à l’idée d’être rejetée, Anna, petite orpheline solitaire du cœur de Londres, s’efforce de paraître la plus ordinaire possible et de ne jamais se faire remarquer. Ses parents adoptifs l’envoient profiter du climat salutaire d’un village côtier de l’est de l’Angleterre. Accueillie par un couple aussi bienveillant que rustique, elle laisse s’écouler le temps en rêvant dans les dunes qui s’avancent dans la mer, et fait la rencontre de la mystérieuse Marnie, qui surgit toujours quand on ne s’y attend pas et devient sa toute première véritable amie. Seulement, aussi subitement qu’elle est apparue, et avant même qu’Anna ne s’habitue à sa présence, Marnie disparaît. 

Souvenirs de Marnie fait partie de ces livres auxquels je n’aurais sans doute jamais jeté un coup d’œil s’il ne bénéficiait pas d’une édition aussi sublime. (Vous pensez que la couverture est magnifique ? Ouvrez le livre et admirez ce papier épais et velouté à souhait. Je vous jure que ça a grandement participé à mon plaisir de lecture !) Encore une fois, les éditions Monsieur Toussaint Louverture se sont surpassées et nous proposent un véritable objet de collection. Mais bon, don’t judge a book by its cover, toussa toussa, donc qu’en est-il du texte ?

C’est une petite pépite, même si j’ai eu un peu de mal au début, car Anna, la petite orpheline, ne se contente pas de tenir à bout de bras tous les gens qui voudraient lui prodiguer de l’affection. Sa froideur m’a rebutée moi aussi en tant que lectrice, même si elle est tout à fait compréhensible. Quand on perd ses parents puis sa grand-mère à l’âge de trois ans, ce n’est pas très étonnant qu’on ait peur d’ouvrir son cœur. Anna reste donc en marge des autres, qu’il s’agisse de ses camarades à l’école ou de sa mère adoptive qu’elle appelle, du bout des lèvres, « ma tante ». Elle observe la vie plus qu’elle n’y participe.

Mais à Little Overton, au moins, elle peut se réfugier à loisir dans la solitude, personne ne le lui reproche. Elle passe ses journées à explorer les dunes et à admirer la grande maison au bord de la mer qui l’attire tant. Inlassablement, elle y revient et commence à imaginer la vie de ceux qui pourraient y vivre, notamment cette petite fille blonde qu’elle aperçoit à la fenêtre. Jusqu’au jour où la petite fille, Marnie, vient à sa rencontre…

J’ai beaucoup aimé l’ambiguïté de cette première partie. Je me suis posé mille et une questions à propos de Marnie et j’ai aimé la façon dont toutes les pièces du puzzle se mettent en place au fur et à mesure. C’est un roman qui parle du pouvoir réconfortant de l’imagination, mais aussi de l’importance des histoires qu’on nous raconte quand on est enfant car elles nous façonnent. Il est question de la famille d’où l’on vient et de celle que l’on trouve en chemin. C’est doux et triste au début et joyeux et tendre à la fin.

J’ai d’autant plus apprécié ma lecture que Joan G. Robinson a une plume merveilleusement évocatrice, parfaitement retranscrite par la traductrice Patricia Barbe-Girault. J’avoue, j’ai été un poil déçue au début par les descriptions de nature car je les ai trouvées moins poétiques que chez Lucy Maud Montgomery. Mais, en fait, elles n’en sont pas moins saisissantes, et il me suffit de fermer les yeux pour me représenter le village, la crique, la mer et le moulin. Little Overton prend vie en même temps qu’Anna, et le charme opère au fil des pages. On referme le livre de la même manière qu’on quitte son lieu de vacances, avec une pointe de regret mais des souvenirs heureux plein la tête.

Un mot à propos du long métrage animé : personnellement, je suis assez peu sensible aux films du studio Ghibli. Mais j’avoue que là j’ai envie de regarder Souvenirs de Marnie, ne serait-ce que pour voir comment il gère le personnage de Marnie et le mystère qui l’entoure. Visiblement, l’histoire a été transposée au Japon, ce qui m’intrigue aussi. Et puis, je dois reconnaître que les images ont l’air sublime !

Cette lecture me permet de valider la catégorie « Pivoine » du Flowers Books Challenge (un livre à la couverture rose et/ou qui parle de timidité ou de sentiments) et la catégorie « Se rafraîchir en plein cagnard » (un lac, la mer, la pluie et la nature : Nature writing) dans le menu « Orage d’été » du Shiny Summer Challenge.

15 commentaires sur “[Lecture] Joan G. Robinson – Souvenirs de Marnie

  1. Je l’ai vu à la bibliothèque ! J’espère qu’il sera encore disponible à ma prochaine visite. Tu me donnes très envie de le lire et de découvrir le dessin animé surtout que mon fils est un grand fan des studios Ghibli. Merci 🙂

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