
Au cœur de l’Ecosse du XVIIe siècle, Corrag, jeune fille accusée de sorcellerie, attend le bûcher. Dans le clair-obscur d’une prison putride, le révérend Charles Leslie, venu d’Irlande, l’interroge sur les massacres dont elle a été témoin. Depuis sa geôle, la voix de Corrag s’élève au-dessus des légendes de sorcières et raconte les Highlands enneigés, les cascades où elle lave sa peau poussiéreuse. Jour après jour, la créature maudite s’efface. Du coin de sa cellule, émane une lumière, une grâce, qui vient semer le trouble dans l’esprit de Charles.
Qu’est-ce qu’une sorcière ? Une jeune fille qui vit au rythme de la nature et à l’écoute de son cœur (ce que l’on pourrait aussi appeler sa petite voix intérieure) ? Une âme pure qui se sert des plantes pour soigner ceux qui souffrent ? Ou l’autrice qui lui insuffle la vie d’une plume envoûtante ?
Qu’est-ce que l’on ressent quand on se fait traiter de sorcière à une époque où ce simple mot peut vous envoyer à la mort ? Quand on doit fuir ses semblables, leur bêtise, leur haine, leur violence, pour se réfugier dans la nature auprès des animaux dit sauvages ? La palme de la sauvagerie ne revient-elle pas aux humains finalement ?
Comment vit-on ses derniers jours quand le flop flop de la neige fondue qui tombe du toit égrène les heures qui vous rapprochent des flammes du bûcher ?
Pour le savoir, il faut lire ce roman bouleversant qui m’a fait passer par toute une gamme d’émotions : l’injustice, la colère, la révolte, l’émerveillement, l’affection, la compassion… J’ai lu les cent dernières pages d’une traite, presque en retenant mon souffle, alors que je savais pourtant ce qui allait se passer, le massacre de Glencoe étant un événement historique (et annoncé dès les premières pages). Mais de même que j’ai pleuré avec Corrag devant la beauté des Highlands, j’ai eu le sentiment de courir avec elle pour sauver ce qui pouvait l’être.
Je tiens à saluer ici le travail de ma collègue Suzanne V. Mayoux dont la traduction met en lumière tout le talent de Susan Fletcher et restitue à merveille la voix si singulière de Corrag :
« Comment des êtres vivants peuvent-ils brûler des êtres vivants ? Qu’y a-t-il en eux pour qu’ils disent brûlez-la, et puis tournent les talons avant que l’odeur de brûlé imprègne leur perruque ? Je ne l’ai jamais compris. Mais je ne suis pas pareille à la plupart des gens. »
« De nos jours, qui prend le temps de soigner son âme ? Peu de gens, à mon idée. Je vais vous dire, monsieur Leslie : je pense que peut-être, avec la vie qu’on mène, à gagner son pain, se laver, se chauffer, livrer ses petites batailles quotidiennes, on oublie son âme. On ne s’en occupe pas, comme si elle avait moins d’importance que tout ça. Et elle n’en a pas moins, je crois. »
« La mort et une naissance annoncée. Les deux le même jour, mais la vie est comme ça, je pense. Elle commence et elle finit, et nous autres, nous vivons entre les deux, de notre mieux. »
J’en ai corné des pages pour la retenir cette voix et vous la faire entendre ! Ces citations sont si nombreuses ou parfois si longues que je ne peux pas toutes les partager ici, alors il faudra me croire sur parole quand j’ajouterai qu’Un bûcher sous la neige est aussi, à la manière des Anne Shirley, un très bel exemple de nature-writing. Je ne connais de l’Ecosse que ce que j’en ai vu dans les films ou les séries télé (Braveheart, Harry Potter, Highlander et j’en passe) et pourtant j’ai désormais l’impression d’avoir parcouru Glencoe, d’avoir gravi ses pentes et de m’être baignée dans ses cascades tant les descriptions de Susan Fletcher sont saisissantes. J’ai refermé le roman en étant plus que jamais convaincue que le jour où je visiterai l’Ecosse, j’y laisserai une partie de mon cœur, exactement comme en Irlande.
Vous l’aurez compris, j’ai adoré Un bûcher sous la neige et je le recommande à tou.te.s celleux qui aiment les grands destins féminins, les fresques historiques, les histoires d’amour tout en retenue et les descriptions de nature !
Cette lecture me permet de valider une des catégories du Shiny Summer Challenge, « Dorothée au pays d’Oz », dans le menu « Orage d’été ». Pour cette catégorie, la consigne était : « voyager dans le temps et les univers, les sorcières sont invitées ». Je ne pouvais pas tomber mieux avec un roman historique parlant d’une sorcière !
Cette réédition a l’air très belle.
Cela fait un moment que je dois le lire, mais j’en ai entendu tellement de bien que le roman a fini par m’intimider. Dans tous les cas, il a l’air terriblement poignant et émouvant ! Adepte des grands destins de femmes, ce roman semble me promettre une belle et intense lecture.
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Je ne me souviens même plus de l’édition grand format, mais c’est vrai que celle-ci est jolie ! Ca fait un moment que je voulais lire ce roman, depuis mon premier Pumpkin Autumn Challenge, je crois, et là je me suis enfin décidée. Je comprends que tu sois intimidée, mais fais confiance à l’histoire, tu vas très vite être embarquée, j’en suis sûre !
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On sent que tu as aime en effet! 🙂
Bizz
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❤
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Et bien je vais justement commencer cette semaine » Les sorcières de Pendle » que tu avais mis sur mon radar – et si j’accroche à cette sorcellerie, j’ajouterai ta nouvelle recommandation !
Merci pour cette belle critique.
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Ah, j’ai hâte d’avoir ton avis et je te souhaite de beaux moments de lecture à Pendle 🙂
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Tu m’as donné envie Isa, pour l’histoire, le cadre, les phrases partagées d’une grande sensibilité. Allez encore un qui file dans ma PAL!
J’aime la diversité de tes lectures…Toujours plein de nouveaux univers à découvrir.
Belle journée!
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Tu m’en vois ravie ! Belle soirée ❤
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C’est hne autrice dont j’ai pas mal entendu parler dernièrement et ce que tu dis de ce livre me fait envie !
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J’espère qu’il te plaira ! Moi, il m’a donné envie de découvrir les autres livres de cette autrice.
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Ça se sent !
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J’aimerais bien me procurer ce roman. J’adore les histoires de sorcières et tu donnes sacrément envie de le lire. 🙂
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Tu verras, il vaut le coup, vraiment 🙂
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