
Londres, 1791. Les femmes s’échangent à voix basse l’adresse d’une mystérieuse apothicaire prénommée Nella, qui leur vend des poisons pour les aider à se débarrasser des hommes qui les oppriment. La vie de Nella bascule quand l’une de ses clientes, une adolescente précoce de douze ans, commet une erreur fatale dont les conséquences vont résonner à travers les siècles. Pendant ce temps, toujours à Londres, mais à notre époque, l’Américaine Caroline Parcewell passe son dixième anniversaire de mariage toute seule car elle fuit ses propres démons. Quand elle découvre par hasard un indice pointant vers les empoisonnements qui ont secoué la ville deux cents ans plus tôt, son destin se mêle de façon surprenante à celui de l’apothicaire, mais tout le monde n’y survivra pas…
Sur Goodreads, c’était l’un des livres les plus attendus du printemps 2021 ; entre le résumé qui éveillait ma curiosité et la couverture que je trouve toujours aussi jolie, je m’étais empressée de le précommander, bien décidée à lire ce roman dès sa sortie. Mais je ne l’ai jamais reçu, d’autres lectures sont venues m’intéresser entretemps, et j’ai finalement attendu le Pumpkin Autumn Challenge 2022 pour enfin l’acheter en poche. Je m’en félicite parce que j’aurais été franchement déçue si j’avais payé le double pour le grand format.
Ce n’est pas que La Petite Boutique aux poisons soit un mauvais livre, mais il souffre d’un certain nombre de faiblesses. On part donc sur une double intrigue, l’une se déroulant en 1791 et l’autre dans le présent. Or, si j’ai beaucoup aimé l’histoire de Nella et de la jeune Eliza Fanning, j’ai eu plus de mal avec celle de Caroline. Ce qui m’a le plus agacée, ce sont les grosses ficelles qu’utilise l’autrice dans la partie qui se déroule dans le présent. Je n’ai pas aimé la facilité avec laquelle Caroline fait des découvertes hyper importantes. Bien sûr, les coïncidences et les coups de chance, ça existe. Mais dans un roman qui ne fait que 295 pages, très vite, ça paraît beaucoup trop facile.
C’est dommage, pourtant, j’ai toujours bien aimé les histoires de femmes qui se cherchent, qui comprennent qu’elles se sont trompées de voie et qui décident de changer de vie. Mais je ne sais pas pourquoi, j’ai eu du mal à ressentir de l’empathie pour Caroline, peut-être parce qu’il a fallu un cataclysme, l’infidélité de son mari, pour qu’elle fasse le bilan de sa vie. J’aurais préféré qu’elle reprenne son existence en main à cause de sa propre insatisfaction, pas à cause d’un événement extérieur. Clairement, le personnage ne m’a pas convaincue.
J’ai largement préféré les chapitres se déroulant en 1791, car si Nella et Eliza sont, tout autant que Caroline, les produits de leur époque, elles ne se posent pas en victimes et prennent rapidement leur destin en main. En vendant des poisons aux femmes bafouées et/ou maltraitées, Nella ne leur offre pas seulement la vengeance, mais une certaine forme de libération. Pour autant, l’autrice ne nie pas l’ambiguïté morale d’une telle pratique : Nella souffre dans sa chair comme si chaque meurtre faisait décliner un peu plus sa santé et Eliza se croit poursuivie par le fantôme de son maître. Toutes les deux doivent donc faire face à la culpabilité qui les ronge. Toutes ces émotions, et la relation qui se noue entre elles, les rendent beaucoup plus intéressantes que Caroline, qui manque cruellement d’épaisseur, par comparaison.
Parmi les autres points forts de ce roman, citons rapidement l’absence d’intrigue amoureuse, avec deux belles histoires d’amitié à la clé, et une construction habile qui fait monter la tension en déroulant les deux récits en parallèle jusqu’à une double révélation finale. J’ai dévoré d’une traite les cent dernières pages, c’est vraiment dommage que j’ai eu tant de mal à avancer dans la première moitié à cause du personnage de Caroline. Je mets donc 3 étoiles sur 5 à La Petite Boutique aux poisons en espérant que Sarah Penner nous proposera, la prochaine fois, un roman plus équilibré, car elle a clairement du potentiel.
Cette lecture me permet de valider la catégorie « La cueillette des champignons », dans le menu « Automne de l’étrange » du Pumpkin Autumn Challenge 2022 car elle correspond parfaitement au mot-clé « poison ».
Il est dans mes envies depuis des lustres. Dommage pour les parties consacrées à Caroline, mais celles mettant en scène Nella et Eliz ont l’air intéressantes. J’aime beaucoup le fait que l’autrice montre que ces deux héroïnes portent en elles les conséquences de leur inhabituel commerce…
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Oui, il y a vraiment de bonnes idées dans ce roman, et notamment dans ces chapitres-là. Par moments, ils m’ont fait penser aux livres de Stacey Halls (Les Sorcières de Pendle).
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Autre roman qui me tente 🙂
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Un partage intriguant, j’ai bien envie de me laisser tenter pour l’idée que je trouve assez originale!
Merci Isa et douce soirée.
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Je crois que c’est cette idée originale qui en a fait un best-seller ! Si tu te laisses tenter, j’espère que tu passeras un bon moment de lecture 🙂 Merci à toi, Marie, et belle soirée ❤
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Je ne connais pas du tout mais le résumé à l’ait sympa
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L’idée de départ était vraiment bien, dommage que le résultat ne soit pas tout à fait à la hauteur…
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En tout cas, c’est super d’avoir ton avis sur cette lecture
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Alors cette phrase va m’accompagner longtemps, je sens que je vais la ruminer, la disséquer, la digérer.
Malgré ton avis mitigé, je me laisserais bien tentée quand même : tu m’as donné goût aux sorcières !
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Quelle phrase, Véro ?
Et oui, on a toujours besoin d’un peu de sorcellerie dans notre vie 😉
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Tu vois j’étais tellement bousculée et troublée :
« Mais je ne sais pas pourquoi, j’ai eu du mal à ressentir de l’empathie pour Caroline, peut-être parce qu’il a fallu un cataclysme, l’infidélité de son mari, pour qu’elle fasse le bilan de sa vie. J’aurais préféré qu’elle reprenne son existence en main à cause de sa propre insatisfaction, pas à cause d’un événement extérieur. «
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Tu sais quoi, en me relisant, je me rends compte que je peux me l’appliquer à moi-même, cette phrase, et ça m’a drôlement chamboulée aussi. On est si prompts à juger les autres (y compris les personnages de fiction) alors qu’en fait ils nous renvoient en miroir des choses de nous qui nous interpellent…
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Le résumé et la couverture donnent bien envie, alors je me laisserai peut-être tenter si je le trouve d’occasion par exemple. Rien que pour les parties dans le passé, qui ont l’air vraiment bien, avec de bons personnages. Et je ne suis pas contre des histoires sans romance ! 🙂
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Carrément, je suis de plus en plus friande d’histoires qui montrent d’autres formes d’amour !
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