Une carte pour 2023

Depuis trois semaines, tous les lundis, sur mon planning, j’écris « rédiger un billet sur mon mot de l’année ». Je vois fleurir partout les mots des un.e.s et des autres et c’est très inspirant (merci Armalite, Miss Zen et Marjolaine), mais force est de constater que je n’arrive pas à parler du mien, et pour cause : j’ai un mal fou à me décider. J’ai longtemps joué avec les mots « aventure », « vulnérabilité » ou encore « renouveau », mais il n’y a rien à faire, ça ne colle pas tout à fait à l’énergie que je ressens.

Il faut dire que ce n’est pas un mot qui s’est imposé à moi cette année, mais une lame de tarot, celle du Fou. C’est ma carte préférée, celle des nouveaux départs, celle qui t’invite à t’engager dans une nouvelle aventure, en acceptant de te lancer avec confiance dans l’inconnu. Cette année, j’ai envie d’incarner ce personnage audacieux qui a envie d’explorer et de découvrir de nouvelles choses, qui fait confiance à la vie et à l’Univers et qui a conscience de sa propre vulnérabilité mais qui s’en sert pour cultiver le courage et la curiosité. Vous comprenez pourquoi je n’arrive pas à résumer tout cela en un mot ?

Alors je continue sur la lancée de 2022, je répète le mantra que mon mot de l’année dernière m’a offert (« Accepte, accepte, accepte ») et j’arrête de tourner en rond dans ma tête : en 2023, c’est une lame de tarot qui donne le ton. Et comme cette lame, c’est la carte de tous les possibles, c’est normal que tout me paraisse aussi ouvert et que je n’arrive pas à choisir une seule énergie, une seule influence. Ma liste de « 23 envies pour 2023 » n’est pas encore terminée ? Qu’à cela ne tienne, je laisse le temps à ces envies de se présenter à moi. Ce qui est sûr, c’est que j’ai envie de bouger, j’ai envie de nouveaux horizons et j’ai envie de continuer à explorer la notion de vulnérabilité.

C’est la deuxième grande direction de mon année avec la carte du Fou. (C’est bien pour ça, d’ailleurs, que j’ai cru un moment que j’allais en faire mon mot pour 2023.) Plus je me plonge dans les travaux du Dr Brené Brown et plus je suis convaincue qu’accepter ma propre vulnérabilité, c’est la clé vers plus d’authenticité, d’intégrité et, surtout, de meilleures relations avec les autres. La lecture d’Atlas of the Heart, du Pouvoir de la vulnérabilité et, en ce moment-même, de Rising Strong (Comment affronter l’adversité – Se relever après la chute) a profondément impacté la manière dont je communique avec les gens, et notamment mon amoureux. Bien sûr, ça ne marche pas à tous les coups, j’ai encore trop souvent le réflexe de me protéger, mais j’apprends à aller chercher, au-delà de la réaction instinctive de colère ou de méfiance, ce qui la provoque.

Enfin, troisième point important, j’ai conscience que 2023 sera forcément une année particulière. La mort de ma mère il y a dix ans avait été un cataclysme, mais mon père, à l’époque, m’était apparu comme un roc dans la tempête. Il m’avait beaucoup inspirée en faisant preuve d’un formidable appétit de vivre. Il avait réalisé l’un de ses rêves en se rendant en Italie sur les pentes du Stromboli. Il avait continué de se battre, notamment au sein de son association de quartier face à une entreprise polluante. Il avait rencontré quelqu’un. Mais voilà qu’il a disparu à son tour, et que c’est tout un pan de ma vie qui s’en va avec lui. Nous avons mis en vente sa maison, avec tous les souvenirs qu’elle contient – et elle en contient beaucoup, puisqu’elle a vu grandir tous ses petits-enfants… Pour la première fois depuis dix-sept ans, cet été, il n’y aura pas de séjour en Bretagne. 2023 est une page blanche, la première d’un nouveau chapitre. Je ne sais pas de quoi demain sera fait, mais je veux suivre l’exemple de mon père et croquer la vie à pleines dents. Je me lance dans l’inconnu avec confiance, pas parce que j’espère éviter les coups – je sais bien que c’est impossible – mais parce qu’il y a forcément de belles choses qui m’attendent encore et que je suis curieuse de les découvrir.