
Rien n’est plus comme avant : le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’électricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient. Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d’inépuisables richesses. Considéré comme un véritable choc littéraire aux États-Unis, ce roman sensuel et puissant met en scène deux jeunes femmes qui entraînent le lecteur vers une vie nouvelle.
D’une certaine manière, j’ai détesté ce livre. Ou, du moins, j’ai détesté le lire. Malgré ses indéniables qualités littéraires et philosophiques, Dans la forêt m’a plongée dans une angoisse quasi-existentielle, à tel point que j’appréhendais parfois de rouvrir le roman pour le terminer. Alors, bien sûr, c’est du post-apocalyptique, qui nous rappelle à quel point notre civilisation est fragile, ce dont je suis douloureusement consciente depuis longtemps. Mais là où l’autrice est venue chatouiller mes peurs les plus profondes, c’est qu’elle démontre qu’après l’effondrement, ce n’est pas tant la nature qu’il faut craindre, mais la sauvagerie de l’homme. La nature peut s’apprivoiser, on peut collaborer avec elle, voire même entrer en symbiose avec elle. En revanche, la violence et la bêtise humaines sont imprévisibles, sournoises et décuplées car il n’y a plus rien pour les restreindre.
Pourtant, je suis allée au bout de ce livre parce que je ne pouvais pas abandonner Nell et Eva seules dans la forêt et parce que j’avais envie de connaître la conclusion que l’autrice souhaitait apporter à leur histoire. Et je m’en félicite parce qu’au-delà d’un message fort sur la nature accueillante et protectrice, j’y ai aussi trouvé de très belles réflexions sur le deuil. Finalement, au-delà du côté post-apo angoissant, cette histoire de femmes qui viennent d’enterrer leur père, peu de temps après avoir perdu leur mère, ne pouvait que résonner en moi :
Il m’est alors venu à l’esprit que je pouvais trouver le réconfort dans le deuil de mon père et de ma mère, puisque le mystère de la mort les avait déjà étreints. Quoi qu’il arrive quand une personne meurt, ça leur était arrivé. Ils étaient partis devant, ils avaient montré le chemin, et à cause de ça, la mort semblait un peu plus confortable, un peu plus tranquille, un peu moins terrifiante. Parce que mes parents étaient déjà là – dans la mort -, j’ai compris que je pouvais me permettre de profiter de la lumière du soleil aussi longtemps que possible. Assise près de la tombe de mon père, j’étais heureuse – et fière – d’être en vie.
[J’en profite pour souligner au passage la qualité de la traduction de ma collègue Josette Chicheportiche.]
Dans la forêt offre donc une expérience de lecture complexe, à la fois pénible et enrichissante, et je suis prête à parier qu’elle me hantera longtemps, pour le meilleur et pour le pire.
Note : 4/5
Cette lecture me permet de valider la catégorie « Pomme de pin » dans le menu « Marcher dans la neige » du Cold Winter Challenge 2022-2023 parce qu’elle correspond parfaitement aux mots-clé « animaux », « écologie » et « nature-writing ».
Comme tu le sais, la version graphique m’a suffi pour comprendre que tu aies détesté lire le roman qui démontre toute la sauvagerie/bêtise humaine. Je ne doute pas que ces pages te hantent un moment…
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Oui, je suis bien contente d’avoir enchaînée avec SoT 😉
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Un grand roman pour moi !
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Oh, je ne dis pas le contraire, mais certains grands romans peuvent être assez éprouvants à lire (celui-ci ou Betty aussi).
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Oui ils nous marquent, c’est vrai, c’est ce qui fait d’eux de grands romans 😉
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bonjour, comment vas tu? merci pour la découverte. passe un bon lundi et à bientôt!
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Avec plaisir, j’espère que tu passes une belle semaine 🙂
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Je pense que je ne serais peut-être pas arrivée au bout de ce livre même si le sujet du deuil m’intéresse. Mais je remarque que ces derniers mois, je ne supporte plus ce qui génère de l’angoisse comme si j’avais atteint une limite.
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Oui, je pense qu’il m’arrive la même chose. On a quand même beaucoup encaissé depuis trois ans…
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Je comprends le côté éprouvant ! Mon ressenti était différent mais il m’a hanté quelques temps aussi. 😉
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J’y ai pensé ce matin en lisant qu’il y avait plein de coupures de courant en Afrique du Sud. Je crois que ce roman m’a traumatisée ^^
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