
Nombre de femmes et d’hommes qui cherchent l’épanouissement amoureux ensemble se retrouvent très démunis face au troisième protagoniste qui s’invite dans leur salon ou dans leur lit : le patriarcat. Sur une question qui hante les féministes depuis des décennies, et qui revient aujourd’hui au premier plan de leurs préoccupations, celle de l’amour hétérosexuel, ce livre propose une série d’éclairages.
Je vais être franche : cela fait plusieurs semaines que je tente d’écrire cette chronique sans vraiment arriver à mettre de l’ordre dans mes idées. Je ne saurais même pas définir mon ressenti, c’est dire. Alors, comme souvent quand je ne sais pas quoi écrire, c’est par là que je commence. Je pose ces premiers mots en espérant qu’ils en appelleront d’autres et que je parviendrai enfin à me faire un avis sur ce livre.
Comme pour Sorcières, je ne savais pas trop à quoi m’attendre et je l’ai trouvé facile d’accès, passionnant et édifiant. Comme l’indique le titre, Mona Chollet étudie à la loupe les mécanismes qui régissent les relations hétérosexuelles. Elle met en lumière les conditionnements que subissent les hommes et les femmes et qui créent autant d’inégalités que de difficultés au sein des couples.
Le chapitre qu’elle consacre aux violences conjugales est absolument terrifiant. J’ai d’ailleurs relevé certains passages que je lirai à à toute personne qui voudra prendre la défense de Bertrand Cantat sous prétexte « qu’il a purgé sa peine ». (La description des blessures de Marie Trintignant devrait suffire à calmer pas mal de velléités, et j’enfoncerai le clou avec les propos qu’il a tenus pendant son procès ou dans le fameux entretien accordé aux Inrockuptibles en 2017.)
Dans l’ensemble, j’ai trouvé que cet essai plaidait certes pour une réinvention de l’amour, mais sans proposer beaucoup de solutions. C’est surtout un inventaire pertinent de tous les problèmes que peuvent rencontrer les couples hétérosexuels à cause des rôles que veut nous faire jouer la société, rôles dans lesquels on s’enferme plus ou moins consciemment. En ce sens, j’imagine que certain.e.s lecteurices pourront opérer une prise de conscience grâce à ce livre.
Mais si j’en garde finalement une impression tenace de découragement plusieurs semaines après ma lecture, c’est qu’en l’absence d’une prise de conscience collective, notamment au niveau des pouvoirs publics, je ne vois pas comment on réussira à faire bouger les lignes. Certes, si à un niveau individuel, Réinventer l’amour permettait à certain.e.s de faire évoluer leur couple en redéfinissant leur place au sein de cette relation, ce serait déjà beaucoup. (Les petits ruisseaux, toussa, toussa…) Encore faut-il accepter de travailler sur soi et de se remettre en question. Or, le livre est bourré de contre-exemples (masculins, évidemment).
Bon, finalement, j’ai réussi à l’écrire, cette chronique ! J’en retiens que si je devais résumer Réinventer l’amour en trois mots, ce serait : passionnant / terrifiant / décourageant. (Pourtant, ça m’a justement permis de mesurer quel travail formidable nous avons accompli, mon chéri et moi, en ne nous laissant pas enfermer dans des dynamiques pernicieuses héritées de schémas familiaux – pour moi – ou sociétaux inculqués dès l’enfance – pour nous deux.) Il n’en reste pas moins qu’au vu des réactions quand nous parlons de violences sexuelles et d’inégalité hommes/femmes autour de nous, cette prise de conscience collective que j’appelle de mes vœux semble encore bien loin…
Note : 4/5
J’ai de mon côté été assez déçue à cause de l’absence de propositions de solutions (contrairement à ce qu’annonce le titre) et parce que l’autrice insiste un peu trop sur les violences conjugales (et tout particulièrement l’affaire Cantat/Trintignant).
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Je comprends ton point de vue, je le partage d’une certaine façon, mais je suis souvent amenée à débattre de l’affaire Cantat, malheureusement, donc je ne sais que trop à quel point c’est nécessaire d’insister. Les gens ne se rendent pas compte.
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Hello Isa, je n’ai pas lu le livre mais je te rejoins sur les débats autour de cette affaire. J’évite de rentrer dedans car certains commentaires me laissent en apnée tellement je les trouve terrifiants.
Tant qu’il n’y aura pas de vrai engagement politique et sociétal sur ce sujet et d’autres, je te rejoins encore, il sera très difficile de faire bouger les lignes.
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Oui, j’imagine combien cette affaire doit te remuer. Je ne te conseille pas du tout de lire ce livre, du coup, je pense que ce serait trop éprouvant.
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Je suis entièrement d’accord avec toi qu’il faut continuer le débat, je pense juste que dans le livre c’est un peu disproportionné et que l’autrice aurait pu parler plus d’autres affaires.
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Tu as raison. C’est peut-être parce que cette affaire est un cas d’école, notamment au niveau du traitement médiatique ? Mais oui, il ne faut pas oublier les autres.
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Il a l’air passionnant ! Je ne l’ai pas encore lu parce qu’à chaque fois que je lis des choses sur les violences faites aux femmes, les inégalités, la pression populaire autour de l’absolution de Cantat comme si avoir du talent donnait le droit de tabasser les femmes, je ressens une telle colère que j’ai parfois du mal à y faire face. Mais je pense que même si l’autrice ne donne pas de solution, il est important d’en parler, encore et encore…
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Pour ça, le livre est vraiment très bien fait, il met en lumière tous ces problèmes dont il faut absolument parler.
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Vu que j’aurais plutôt besoin d’encouragement, je vais zapper mon tour.
Même si l’affaire Cantat mérite qu’on ne l’oublie pas.
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Je te comprends tout à fait ❤
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