Culture

[Lecture] Sarai Walker – Les Voleurs d’innocence

Photo du roman Les Voleurs d'innocence de Sarai Walker sur le blog Aujourd'hui je m'aime d'Isa Pernot

Années 1950. Six jeunes filles aux doux prénoms de fleurs vivent avec leurs parents dans l’opulence d’une grande bâtisse victorienne. Mais tout ceci n’a rien d’un conte de fées : c’est au contraire l’histoire d’une malédiction, car à peine mariée, l’aînée, Aster, meurt mystérieusement, bientôt suivie par sa sœur Rosalind. Belinda, la mère à l’esprit torturé, hantée par les fantômes, semblait pourtant avoir prédit leur funeste destin, mais personne ne se fie à ce qui sort de son cerveau embrumé. Sauf peut-être Iris, la cadette, qui est, elle, bien décidée à survivre.

Les Voleurs d’innocence est, à bien des égards, un roman envoûtant. Six sœurs grandissent presque en autarcie dans une demeure victorienne hantée par le douloureux héritage d’une mère à moitié folle et le cynisme d’un père marchand de mort (il vend des armes à feu). Le mariage paraît être la seule issue pour échapper à cette atmosphère délétère, mais il s’agit ici d’un récit gothique et non d’un conte de fées : très vite, le voile de la mariée fait place à un linceul. Quelle est donc cette étrange malédiction qui frappe les sœurs Chapel ?

Il est beaucoup question de visions, de rêves, de fantômes. Iris, qui nous raconte son histoire, perçoit tout avec sa sensibilité d’artiste, si bien que son imagination et sa créativité colorent son récit et nous livrent des tableaux tantôt féériques, tantôt cauchemardesques. On a l’impression d’être tout le temps sur un fil. Certes, Sarai Walker prend son temps ; parfois, il ne se passe pas grand-chose. Pourtant, grâce à des chapitres courts et une écriture saisissante, elle nous tient en haleine, c’est passionnant.

Cela dit, c’est aussi un roman frustrant. Il faut accepter de rester sur sa faim, de ne pas avoir toutes les réponses. Cela suppose d’adhérer au postulat, à cette drôle de malédiction, et là j’ai eu plus de mal, comme si je jouais à un jeu dont je n’acceptais pas totalement les règles. J’ai dû faire un effort pour laisser l’autrice m’emmener où elle voulait, dans un monde où aucune union n’est possible avec « les voleurs d’innocence », quelles que soient les envies ou l’opinion des sœurs Chapel sur le sujet.

Mais, au final, j’ai apprécié que Sarai Walker bouscule mes certitudes de lectrice et me fasse sortir de ma zone de confort. J’ai aimé que cette histoire me dérange autant qu’elle me fascine. Et, plus d’un mois après avoir tourné la dernière page, il me reste plein de passages en tête. Je crois que je ne suis pas prête d’oublier Les Voleurs d’innocence et ça, c’est la marque des grands livres.

Note : 4/5

Cette lecture me permet de valider la catégorie « azalée » du Flowers Books Challenge 2024 (un livre rose et/ou sur un amour pur).

19 commentaires sur “[Lecture] Sarai Walker – Les Voleurs d’innocence

    1. J’avoue, quand un livre m’intéresse chez Gallmeister, j’attends souvent sa sortie en poche, pas pour le prix, mais parce que j’adore les couvertures, je les préfère toujours à celles des éditions grand format ! Et là, ça n’a pas loupé, elle est vraiment très belle et elle correspond parfaitement au roman.

      Pour ce qui est du flou, ça ne se discute pas, c’est pour ça que ce roman n’est pas un coup de cœur pour moi, alors qu’il aurait pu l’être autrement.

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