Culture

[Lecture] Emma Brodie – Songs in Ursa Major

Photo du roman Songs in Ursa Major par Emma Brodie

C’est l’été 1969. Les jeunes auteurs-compositeurs-interprètes Jane Quinn et Jesse Reid paraissent intouchables. Ils fascinent les foules dans les festivals, électrisent les platines vinyles et enivrent les fans d’un bout à l’autre de l’Amérique. Le lien qui les unit leur inspire d’inoubliables chansons d’amour. Mais rien ne dure éternellement. Derrière les tubes qui les ont fait connaître, un noir secret pourrait bien les séparer. Il est temps à présent de découvrir toute l’histoire, enfin dévoilée dans l’album iconique de Jane, Songs in Ursa Major

Contrairement à ce que pourrait laisser penser ce résumé, ce livre ne raconte pas une histoire d’amour. Enfin, si, mais pas que. C’est surtout l’histoire de Jane, Janie Q comme ses proches la surnomment. Elle a un talent fou et elle le sait, mais elle se heurte très vite au sexisme qui règne dans le monde de la musique. Elle va quand même essayer de tracer son chemin avec fougue et détermination, sans jamais se renier.

Si j’ai beaucoup aimé ce livre, au point de le dévorer en deux-trois jours à peine, c’est qu’il met en lumière, non seulement la misogynie de l’industrie du disque, mais aussi le désintérêt total des producteurs pour cet art qu’est la musique. Eux, ils sont là pour gagner de l’argent. Le label qui accepte de produire le premier album de Jane n’a que faire de sa créativité et de son originalité, tout comme il se moque bien des prétentions artistiques de Jesse. Il veut les façonner et les contrôler pour qu’ils aient une image plus vendeuse et qu’ils reproduisent à l’infini les tubes qui fonctionnent et qui rapportent. Comment, dans ces conditions, réussir à garder son âme et à préserver son art ?

Cette question me fascine d’autant plus qu’elle fait écho à l’un des chapitres de Resistance, l’autobiographie de Tori Amos que j’ai lue très récemment, dans lequel elle explique que son label lui a fait entièrement retravailler son premier album solo, Little Earthquakes, parce qu’à cette période (il est sorti en 1992), personne ne croyait au succès d’un disque piano-voix. Il fallait absolument des guitares. Tori a su faire des compromis et garder quelques titres piano-voix, dont le sublime « Winter », tout en créant un son qui deviendra sa marque de fabrique.

Jane, l’héroïne de Songs in Ursa Major, va devoir batailler tout autant. Et son histoire avec Jesse, bien que déterminante, n’est finalement que l’un des éléments de sa trajectoire. Le plus important, pour elle, c’est de réussir à s’affirmer en tant qu’artiste et en tant qu’être humain, tout simplement.

Bien évidemment, tout cela n’est pas sans rappeler Daisy Jones & The Six, que j’avais adoré et dont je veux absolument voir l’adaptation en série télé. Cependant, là où Daisy Jones était construit sous forme d’interviews pour un documentaire, Ursa Major possède une forme plus classique, c’est un récit linéaire. Mais j’ai tout autant aimé découvrir les chansons de Jane que celles de Daisy et j’ai été aussi frustrée de ne pas entendre la musique qui pourrait les accompagner – à la différence près que maintenant, je peux écouter Aurora (ce que je n’ai pas encore fait, j’attends d’avoir vu Daisy Jones sur Prime), alors que Songs in Ursa Major n’existe pas (encore ?)

En tout cas, je suis ravie de cette plongée dans les années 1970, une période qui continue de me fasciner, et je vous invite à faire la connaissance de Janie Q, une héroïne rebelle et touchante qui, j’en suis sûre, ne vous laissera pas indifférent.e.

Note : 4/5

6 commentaires sur “[Lecture] Emma Brodie – Songs in Ursa Major

  1. Je crois hélas que la misogynie est présent dans à peu près tous les domaines, mais ça doit être intéressant bien que révoltant de la voir prendre forme dans le milieu musical. Quant à ta question « Comment, dans ces conditions, réussir à garder son âme et à préserver son art ? « , je la trouve plus que légitime…

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  2. J’ai vu ce roman dans ma librairie l’autre jour et j’ai pensé à toi!
    Comme l’autre dont tu nous as parlé, il me tente. Je pense que la prochaine fois je craquerai vite.
    Quand à garder son âme et préserver son art, je crois que cela relève d’un tour de force dans le monde d’aujourd’hui et j’applaudis des deux mains les personnes qui arrivent à le faire.

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    1. C’est pour ça que je prends beaucoup de plaisir à suivre Amanda Palmer sur les réseaux sociaux, même si sa musique ne me parle pas plus que ça. J’aime beaucoup sa manière d’écrire (il faut absolument lire The Art of Asking si ce n’est pas déjà fait) et sa philosophie de vie !

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