
Arkham, 1933. Le professeur Dyer, éminent géologue, apprend qu’une expédition scientifique partira bientôt pour l’Antarctique avec pour ambition de suivre les traces de celle qu’il avait lui-même dirigée en 1931. Dans l’espoir de dissuader cette tentative, Dyer décide de faire un récit complet des tragiques événements auxquels il survécut, cette fois sans omettre les passages qu’il avait écartés à son retour, de peur d’être pris pour un fou. Deux ans plus tôt, les navires affrétés par l’université Miskatonic avaient accosté le continent glacé au début de l’été austral, et le contingent de quatre professeurs et seize étudiants s’était mis aussitôt au travail. Les premiers résultats ne s’étaient pas fait attendre et le biologiste de l’expédition, le professeur Lake, était parti de son côté avec plusieurs membres de l’équipe afin de suivre une piste fossilifère prometteuse. Au bout de quelques jours à peine, il avait annoncé par radio avoir découvert de stupéfiants spécimens d’une espèce inconnue, extraordinairement ancienne, avant de cesser toute communication après une terrible tempête. Pressentant le pire, Dyer s’était porté à leur secours le jour suivant. Ce qu’il avait découvert sur place dépassait ses craintes les plus folles…
Je n’aurais jamais cru lire du Lovecraft un jour, et pourtant, nous y voilà. Par un concours de circonstances, j’avais ce très beau livre illustré dans ma bibliothèque. (Je l’avais acheté pour les besoins d’une traduction l’année dernière.) Et plutôt que de le laisser prendre la poussière sans l’avoir vraiment jamais ouvert (sauf pour vérifier la traduction d’une phrase dont j’avais besoin), j’ai décidé de mettre le nez dedans histoire de valider l’une des catégories du Cold Winter Challenge 2021. Quand je vous disais il y a quelques jours que ce type de challenge permet de sortir de sa zone de confort !
Car, clairement, l’horreur, ce n’est pas ma tasse de thé. C’est tellement vrai que mon esprit peine à mettre des images sur les mots de Lovecraft. Si je n’avais pas bénéficié à la fois des magnifiques illustrations de François Baranger et des monstres aperçus dans certains films de Guillermo del Toro (grand admirateur de l’écrivain de Providence), les descriptions des créatures ou de la sinistre cité trouvées dans la glace n’auraient jamais pris vie sur mon écran de cinéma interne. En même temps, en dehors d’une vraie sensation de malaise et d’écœurement au moment où Dyer, le héros, découvre les cadavres de ses camarades d’expédition, je n’ai jamais vraiment eu peur, malgré tous les efforts de l’auteur pour distiller l’angoisse. C’est mon côté pragmatique, que voulez-vous. Après avoir arpenté en long, en large et en travers, pour les besoins de nombreuses traductions, les vaisseaux et les bases militaires de la saga Alien, quand des humains font une découverte peu ragoûtante, je suis plutôt en mode Fly, you fools!
De toute façon, la curiosité est un vilain défaut, c’est bien connu. Mais autant les membres de l’expédition de Dyer ont payé de leur vie le désir de savoir ce qui se cachait sous la glace, autant moi je ne regrette pas de m’être offert cette splendide édition des Montagnes hallucinées. J’avais entendu dire que le style de Lovecraft était très ampoulé et avait mal vieilli, mais la traduction d’Arnaud Demaegd est très fluide et très agréable à lire. Et puis il y a les illustrations, bien sûr, incroyablement belles et lumineuses malgré le sujet. Car, comme le souligne fort justement Maxime Chattam dans l’avant-propos, François Baranger réussit le tour de force de ramener la lumière au cœur du récit. On associe volontiers horreur et noirceur, mais Lovecraft décrit à maintes reprises le soleil rasant qui baigne l’Antarctique au point de créer des mirages éblouissants. On devine d’ailleurs que c’est ce même soleil qui est en partie responsable du drame, puisqu’il réchauffe le corps des créatures jusque-là conservées dans le noir et dans la glace. Vous auriez dû faire confiance à vos chiens de traîneau, les gars, fallait pas remonter ces machins bizarres à la surface…
Mais la curiosité est décidément trop forte. C’est bien pour ça d’ailleurs que je compte m’acheter le deuxième volume des Montagnes hallucinées et peut-être même l’édition illustrée de L’Appel de Cthulhu (au point où j’en suis…) Dyer réussira-t-il à convaincre les autres scientifiques de ne pas retourner en Antarctique ? J’en doute et j’ai envie de savoir comment ça va se terminer pour lui. (A l’asile, peut-être, là où on envoie parfois ceux qui détiennent des vérités qui dérangent.)
Cette lecture me permet de valider une des catégories du Cold Winter Challenge 2021, « Stalactites ensanglantées », dans le menu « Hiver sombre ». Je ne l’ai pas fait exprès, mais il y a littéralement des stalactites ensanglantées sur l’une des planches de François Baranger. Et puis on est à fond dans l’horreur et le suspense !
Le barbare est fan de Lovecraft 🙂 Du coup, tu me donnes envie d’investir dans cet ouvrage 🙂 Belle journée Isa ❤
J’aimeAimé par 1 personne
S’il est fan, je pense qu’il va adorer ! Et j’ai vu que les écrits de Lovecraft ont également été adaptés sous forme de mangas, dans de très belles éditions avec une couverture en faux cuir, c’est vraiment pas mal (et ça fait toujours une idée cadeau sympa ^^) Belle soirée mon amie ❤
J’aimeJ’aime
A priori, pas ma tasse de thé non plus mais qui sait ….
Bonne journée.
J’aimeAimé par 1 personne
Franchement, je me suis épatée moi-même, je pensais juste cocher une case de mon challenge et au final j’ai passé un bon moment. Mais si ça ne t’attire pas plus que ça, mieux vaut choisir un autre livre, je pense que le Diglee dont je parle dans ma nouvelle chronique te plairait beaucoup !
J’aimeJ’aime