Pensée positive

Les « pièges » de la pensée positive et du développement personnel

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Je ne vais pas bien en ce moment. Parfois, c’est juste une impression, un bruit de fond, et parfois ça me submerge, et je m’écroule. J’enrage, je me débats et je pleure, je me victimise parfois, parce que je ne comprends pas pourquoi j’en suis là après tout le travail que j’ai effectué sur moi depuis plusieurs années, et en particulier depuis la mort de ma mère. Tous ces efforts pour devenir une meilleure personne, tous ces apprentissages, toutes ces lectures, tous ces ateliers de développement personnel… pour ça ? Quelques mois de bien-être, la sensation de progresser, avant cette lente et douloureuse dégringolade ? C’est tout ? Sérieusement ?

Si je suis honnête avec moi-même, ces derniers temps, ces derniers mois, j’en ai marre. J’en ai absolument ras-le-bol. J’ai l’impression de lutter contre moi en permanence ou presque, sans arriver à d’autre résultat que l’épuisement. J’ai juste envie de me laisser tomber par terre en disant : « C’est bon, j’abandonne. Je jette l’éponge. Je suis comme je suis, et c’est comme ça, et je n’y peux rien. » Et vous savez quoi ? Je crois que c’est très exactement ce que j’ai besoin de faire.

J’ai besoin de suivre mes propres conseils et d’accepter cette partie de moi que je n’aime pas, ces traits de caractère dont je ne suis pas fière, au lieu de chercher à les nier ou à les réprimer. Ça va faire bientôt deux ans que je clame que la pensée positive ne consiste pas à ignorer le négatif et que le verre à moitié plein est aussi à moitié vide. Eh bien, il serait temps que je suive mes propres conseils et que j’accueille cette partie de moi qui est hyper réactive et défaitiste. J’étais très fière d’avoir su gommer mon côté drama queen, sauf que je n’ai rien gommé du tout et qu’il est en train de m’exploser à la figure. En ce moment, je fais une montagne d’un rien et je transforme tout en question de vie ou de mort parce que j’ai les nerfs à vif et que je ne sais plus quoi faire pour être bien. Je tourne en rond comme un animal en cage parce que je n’arrive pas à échapper à cette partie de moi avec laquelle je ne veux plus cohabiter.

Heureusement, j’entrevois des solutions. Ces 5 années de développement personnel n’ont pas été vaines, je me dis même, dans mes moments les plus optimistes, que ce que je vis n’est qu’une étape de plus sur le chemin de l’épanouissement, un passage obligé, en quelque sorte. Maintenant que j’ai entrevu la personne que je veux être, je peux faire face à ce que je ne veux plus être. Je peux faire face à celle qui prend mal tout ce qu’on lui dit, qui pense, alors qu’elle est proche du sommet de l’obstacle, qu’elle ne va jamais y arriver et qui est persuadée qu’elle ne mérite pas les bonnes choses qui lui arrivent. Maintenant que je sais que je suis capable de m’aimer, je peux faire face à toutes les croyances, tous les schémas de pensée, toutes les attitudes qui font que je ne m’aime pas. Et quand je dis faire face, ça ne veut pas dire étouffer, réprimer, lutter contre. Ça veut dire observer, accueillir et, finalement, intégrer tout cela. En anglais, j’utiliserais le mot surrender, qui a ceci de merveilleux qu’il ne veut pas uniquement dire lâcher-prise, même s’il en est aussi question. Ici, je l’utiliserais plutôt dans son sens militaire : je me rends, je dépose les armes, j’abandonne la lutte. J’agite le drapeau blanc de la reddition et j’arrête de me battre contre moi-même.

L’ironie, c’est que ça me fait penser à une scène que j’ai écrite il y a 20 ans dans mes romans de Fantasy. Mon héroïne doit choisir entre la magie blanche et la magie noire, et ce choix lui apparaît sous forme symbolique : elle voit devant elle une silhouette blanche et une silhouette noire. Mais elle refuse de choisir entre l’une et l’autre parce qu’elle sait que sa part d’ombre fait aussi partie d’elle. Elle fusionne donc les deux silhouettes pour n’en faire plus qu’une qu’elle accueille ensuite en elle. Il me semble même que je lui fais dire qu’elle ne veut pas vivre amputée d’une partie d’elle-même. (Et si je ne l’ai pas écrit, j’aurais dû !) Il faut croire que j’étais plus lucide à 17 ans que maintenant…

Concrètement, je ne sais pas encore quelle forme cette « reddition » va prendre. J’ai failli écrire que ça passait par la méditation et la pleine conscience, ce qui est une évidence. Mais peut-être aussi que j’ai besoin de me laisser vivre. D’arrêter de me mettre la pression, arrêter de me convaincre que je dois faire des efforts, arrêter de toujours vouloir être la meilleure version possible de moi-même. J’ai envie de me reposer. De lire sans autre objectif que de me divertir. De retrouver mon sens de l’humour et d’arrêter de prendre la vie tellement au sérieux. Je n’ai pas un rire aussi légendaire et communicatif que l’était celui de ma mère, mais quand même, ça me manque de ne plus rire à gorge déployée, à en perdre haleine, à en pleurer. Peut-être qu’il est temps que je demande de l’aide aussi, parce que tous les livres du monde ne remplacent pas l’écoute attentive d’un-e spécialiste. Je ne sais pas. On verra bien.

Je n’ai pas su éviter les « pièges » de la pensée positive et du développement personnel. Mes efforts pour m’améliorer et me dépasser se sont transformés en quête de perfection, un idéal forcément inaccessible. Mais quand j’arrive au terme d’une longue réflexion comme celle-ci (ça fait plusieurs heures que je suis sur ce billet), je ne peux m’empêcher de retrouver un certain optimisme. Ce blog s’appelle « Aujourd’hui je m’aime ». Ces derniers mois, ça relève plutôt du vœu pieu, mais je sais que ça peut redevenir une réalité. Et que cette réalité passe par le fait de m’accepter comme je suis, plutôt que de chercher constamment à être quelqu’un d’autre, y compris la meilleure version de moi-même.

Illustration trouvée sur Pinterest.

21 commentaires sur “Les « pièges » de la pensée positive et du développement personnel

    1. Merci ❤ Le plus dur, le plus compliqué, ce sont les difficultés relationnelles que ça provoque. Ce sont elles d'ailleurs qui ont provoqué cette prise de conscience. Ensuite, poser ça par écrit, ça m'a fait du bien. C'est vraiment la meilleure forme de thérapie qui soit, et c'est encore plus efficace, je trouve, quand je le partage sur le blog. Comme si je le sortais vraiment de moi, plus que si je me contentais de l'écrire dans mon journal.

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      1. Peut-être que je devrais écrire moi aussi toutes les émotions, les colères que j’a en moi faute d’arriver à les verbaliser aux personnes concernées ?

        Merci Isa ❤ ❤

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  1. Tu parles du chemin de l’épanouissement, mais là vie est le chemin, la ligne d’arrivée c’est la tombe, ça ne s’arrête jamais. Je pense que la chose primordiale à prendre en compte c’est que l’être humain est en constante évolution et que ce qui était bon pour toi hier ne le sera pas demain, mais le problème c’est qu’il faut le découvrir … J’utilise beaucoup le développement personnel dans ses aspects psychologie positive et minimalisme, en effet ce n’est pas facile : déjà les conseils que l’on trouve ne sont pas tous bons pour moi … Ensuite j’ai décidé de réduire au maximum les sources de contrariétés et me détacher de gens et de choses qui ne correspondent pas à ce dont j’ai besoin pour avoir une vie meilleure. En me recentrant sur ce qui est essentiel pour moi je me dépasse avec ça, le reste fuck

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    1. Tu as absolument raison de rappeler que l’important, c’est le chemin, pas la destination. Je le sais, et pourtant j’ai passé les 8 derniers mois à me languir d’avoir mon permis de conduire pour pouvoir enfin être indépendante. (Je vis dans un petit village provençal très peu desservi par les transports en commun). Ça ne m’a pas empêchée de vivre de supers moments, mais je me suis mise une pression de dingue en idéalisant ma vie d’après au détriment de ma vie actuelle. C’est fou comme les choses les plus évidentes (et les plus sensées) sont parfois les premières que l’on perd de vue…

      Tu as raison également de souligner que nous sommes en constante évolution. La vie fluctue en permanence mais nous sommes généralement bien moins souples qu’elle. Quand tout va mal, on a tendance à penser qu’on ne s’en sortira jamais mais, quand tout va bien, on pourrait avoir tendance à vouloir « figer » les choses pour que cet état perdure. Ce n’est pas toujours évident d’accepter l’idée que la vie est faite de cycles. L’impermanence des choses si chère au bouddhisme 😉

      Enfin, je t’admire, moi j’ai parfois du mal à me détacher des gens dont l’état d’esprit ne me correspond pas. Mais c’est une bonne idée d’essayer de réduire au maximum les sources de contrariété, je dresserai bien une liste, tiens, pour voir celles que je peux éliminer facilement !

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      1. ha les listes, c’est la vie !! Je suis fan de listes depuis que j’ai lu le livre de Dominique Loreau ! j’ai affiché la liste des choses que j’aime faire pour les moments où je tourne en rond sans arriver à me concentrer sur quelque chose ou bien quand j’ai envie de me ruer sur la nourriture pour combler un vide … hop je vois ma liste et c’est parti, je fais demi-tour !! je suis ton blog de temps en temps ! J’ai beaucoup aimé les 10 choses positives de 2016 🙂
        Bonne soirée !! et merci d’avoir pris le temps de me répondre !

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  2. On confond souvent manque de motivation et peur de l’échec.
    La pensée positive est un merveilleux outil, mais il ne se suffit pas à lui-même, malheureusement.
    Il faut d’abord vaincre ses peurs. Ce ne sont pas forcément des monstres énormes, mais parfois juste des petites choses, des cailloux dans nos sandales, qui nous empêchent d’avancer, d’avoir la tête libre. Des choses qu’on nous a dites lorsque nous étions enfant, ou les conséquences de certains accidents de la vie, un façon déformée ou restreinte de voir le monde de par notre éducation, etc…
    Tu as raison de d’abord vouloir te sentir bien, ne plus avoir d’objectif, vivre au jour le jour. Quand tu auras repris des forces, que tu sauras apprécier la vie pour ce qu’elle est, ni plus, ni moins, alors tu verras ce que tu veux en faire.
    Se poser, ne plus courir, ce n’est certainement pas un échec.
    Et puis le « développement personnel » n’est pas synonyme de performance. Il s’agit d’abord d’être soi-même, de se débarrasser du masque social. Développer sa personnalité. A mon avis, tu es sur la bonne voie 🙂
    En tout cas merci pour ce post qui nous rappelle à tous qu’il faut se méfier de la culture de la performance.

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    1. Merci à toi pour ce commentaire 😀 Je n’avais pas forcément relié le problème à la culture de la performance, mais c’est très juste. C’est fou comme en voulant échapper à l’un des travers de la société actuelle, on retombe malgré tout dedans !
      J’essaie vraiment de ne pas prendre la situation actuelle comme un échec, de transformer ma façon de l’appréhender afin de la voir plutôt comme une étape. Ça prendra le temps qu’il faut, dans tous les cas, je ne veux plus me forcer, ou en tout cas me faire violence.
      J’aime bien l’idée aussi de « se débarrasser du masque social ». Ça me parle !

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  3. Tu peux être fière de toi d’avoir réussi à sortir tout cela après plusieurs heures sur ce billet et plusieurs mois à sentir qu’au fond, ça ne va pas. Le plus dur est fait, peut-être faudra-t-il encore te donner un coup de pied aux fesses pour en parler à quelqu’un, si c’est ce dont tu as besoin, mais tu es lancée sur le chemin. Des bisous pour la route ♥

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  4. Dans cette problématique, un outil m’a aidé: l’ennéagramme. J’ai trouvé ma base, et la figure géométrique montre les bases vers lesquelles on peut tendre si on le souhaite, mais aussi celles qui nous sont inaccessibles. Et, vers 40 ans, j’ai accepté certains traits de mon caractère. Je vis mieux depuis, et mon entourage également.

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    1. Je ne connais pas bien cet outil, mais ça a l’air très intéressant. Et c’est vrai que s’accepter et aller mieux, c’est bénéfique aussi pour son entourage !

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  5. Je suis complétement d’accord avec toi, sur le fait qu’il faille accepter le tout de nous. Je pense même que plus on lutte contre une partie de la personne que l’on est elle revient nous éclabousser la figure de la manière la plus désagréable pour soi, et je pense que la pleine conscience et la méditation sont là our observer nos parties d’ombres 🙂
    Un peu comme les mettre en lumière sans se mettre la pression vis à vis d’elle dans le sens « OK, c’est là, mais cela ne me définis pas de manière permanente, et j’ai été comme ça par rapport à cela alors je me comprend, je me pardonne et je m’accepte » un peu comme si on observait le comportement de notre meilleure amie 🙂

    Passe une belle journée !

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